« C’est ainsi que je lis ma propre vie : Dieu a empêché ma mort parce qu’il croyait que je n’étais pas prêt. Je n’étais pas prêt pour l’éternité. Je n’étais pas prêt pour le paradis. J’avais besoin de plus de travail pour la sanctification. J’avais besoin d’être en vie pour qu’il me sanctifie, me purifie et m’aide à être prêt. »
Aloysius Ezoenyeka est prêtre à Los Angeles. En vacances auprès de sa famille au sud-ouest du Nigeria, il est victime d’une fusillade alors qu’il circulait dans sa voiture sur une route réputée pour sa dangerosité à cause de la présence des « bandits ».
Seul dans sa voiture, le prêtre priait et réfléchissait à la musique qui allait l’accompagner pendant la suite du trajet quand il entend ce qu’il décrit comme un bruit sec. Il pense alors que c’est un caillou, mais les rafales qui suivent ne lui laissent plus de doute. L’homme est pris sous les feux de deux bandits cachés sur le bord de la route.
« Je ne savais pas quoi faire, mais je n’avais pas le temps d’avoir peur », affirme Aloysius.
« Je ne pensais pas qu’il y aurait le moindre problème pour moi. Je savais qu’il pouvait y avoir des voleurs, mais je n’avais jamais vraiment pensé sérieusement que cela pourrait m’arriver. »
Comprenant que les assaillants veulent le tuer, il décide de leur « donner du fil à retordre ». Le prêtre évoque plusieurs solutions mais finit par se décider à rouler à grande vitesse en leur direction, tout en tentant de se protéger sous le tableau de bord. Les balles fusent de toutes parts mais les bandits finissent par se réfugier dans un buisson. Le prêtre peut alors poursuivre sa route, mais il est touché.
« Je suis juste surpris de n’avoir été touché qu’une fois. Je ne me suis pas arrêté... J’ai tenu la blessure autant que je pouvais pour empêcher le sang de couler, mais c’était pratiquement impossible de le faire. J’ai fait du mieux que j’ai pu. »
Une fois hors de portée, il s’arrête et demande de l’aide. C’est un père et son fils qui viennent alors à son secours. Tous deux le conduisent difficilement vers l’hôpital universitaire d’Okada.
« Il n’y a pas de service d’urgence. Ils étaient désorientés. Ce qui est vraiment triste, c’est que vous ne pouviez rien faire pour un autre être humain qui est dans le besoin. Rien que d’y penser, c’est vraiment étrange. Je pouvais sentir qu’ils voulaient aider, mais qu’ils ne savaient pas quoi faire. »
Le prêtre est très instable et perd beaucoup de sang. Tout au long du trajet, il prie. Le père et son fils l’accompagnent et tentent de le maintenir éveillé.
« Chaque fois que j’essayais d’abandonner, il me disait : ‘Non, non, non, mon père, vous allez y arriver’. »
L’hôpital d’Okada dit ne rien pouvoir faire pour le prêtre, affirmant qu’il est trop tard. Le père et son fils le conduisent alors dans un autre établissement de santé, 90 minutes plus loin. C’est aux alentours de minuit, le 1er janvier 2021, que le prêtre est conduit au bloc.
L’église de Los Angeles dans laquelle le prêtre officie est mise au courant de la situation d’Aloysius et décide de mettre en place une veillée de prière. Mais les premières nouvelles données à Robert Barron, évêque auxiliaire de Los Angeles, sont mauvaises. Il affirme :
« Lorsque j’ai reçu les premières nouvelles, c’était qu’il était en train de mourir. Nous avions très peu d’espoir. »
Mais l’opération va finalement être un succès ! Le prêtre Aloysius poursuit :
« Ce n’est pas possible de survivre six, sept heures sans médicaments en perdant autant de sang. C’était presque impossible. Ils ont dit à la clinique qu’il n’y avait aucun autre moyen pour moi de survivre. Les médecins de l’hôpital ont dit que ça n’allait pas marcher. Je pense que c’était purement providentiel. »
Une fois rétabli, le prêtre est retourné aux États-Unis, d’où il témoigne de cette expérience qui lui en a appris beaucoup sur lui-même.
« C’est ainsi que je lis ma propre vie : Dieu a empêché ma mort parce qu’il croyait que je n’étais pas prêt. Je n’étais pas prêt pour l’éternité. Je n’étais pas prêt pour le paradis. J’avais besoin de plus de travail pour la sanctification. J’avais besoin d’être en vie pour qu’il me sanctifie, me purifie et m’aide à être prêt. »
M.C.
Source : ACI Afrique